(Joël Bartoloméo)… tourne de petits films plus ou moins bricolés sur les surprises et les ratés de la vie quotidienne. Et dans un sourire qui casse les longs silences, il ajoute : « Ce qui m'intéresse, ce sont les moments où ça déborde. Quand Lili sort de ses gonds, quand on dit une chose et son contraire, quand c'est à la fois ordinaire et extraordinaire. » L'ordinaire chez les Bartoloméo, ce sont les orages quotidiens qui s'arrêtent juste avant la foudre. Lili s'apercevant que son mari la filme et qui s'énerve gentiment. Coline qui met un temps fou à appuyer sur le déclencheur de l'appareil photo. Fabian qui ne s'intéresse pas à l'expérience du verre plein qui a l'air plus vide que la bouteille pleine. L'extraordinaire chez les Bartoloméo, c'est tout le reste, un désordre qui menace de dégénérer à la séquence suivante, on le sent, ça va exploser, du moins, on en rêve. Ainsi, le fameux chat (mort depuis), qui refuse de dormir comme l'exige Coline, pourrait très bien se venger, la griffer méchamment. Ou l'épisode de la tarte au citron avec la pâte bien cuite découpée par Lili à grands coups de ciseaux, outil bien utile et dont elle n'abuse pas, même à bout de nerfs.

Brigitte Ollier (extraits)

In Libération du 2 décembre 1995